La chaîne de cheville dans plusieurs cultures

La chaîne de cheville appelée aussi bracelet de cheville est un ornement utilisé comme bijou sur la cheville d’une femme. Les chaînes de cheville et aussi les bagues de pied s’utilisent depuis des siècles par des femmes et des petites filles notamment en Inde, souvent avec les pieds nus.

Chaîne de cheville avec cristal et pierres
Chaîne de cheville pierres et cristal


Mais les femmes hindoues sont loin d’être les seules à trouver cela intéressant à porter : les femmes en Egypte les portaient couramment aussi depuis l’époque pré-dynastique égyptienne. La chaîne de cheville argent était la plus couramment utilisée.

Sari et chaîne de cheville Inde
En occident, plus précisément aux États Unis, la mode de la chaîne de cheville est arrivée au XXème siècle. Au début ce bijou était réservé aux classes populaires qui préféraient plutôt le bracelet en cuir. Hommes et femmes pouvaient porter ce type de bracelet de cheville en cuir, notamment avec les pieds nus.

Aujourd’hui les chaînes de cheville sont portées comme un véritable bijou et beaucoup de femmes les plébiscitent. Toujours en Inde, la chaîne de cheville est même une pièce très importante lors d’un mariage et ce bijou accompagne toujours le costume traditionnel hindou, le sari.
Femmes portant le sari avec la chaîne de cheville

En Asie la tradition permettait aux femmes de porter une chaîne de cheville avec une autre chaîne plus large faisant le lien entre les deux chevilles. L’objectif de cette pratique était l’illusion de donner à la femme une démarche plus jolie et limiter le pas. Cette pratique avait lieu dans le sud-est asiatique où les gens cherchaient une touche plus féminine !

Plusieurs bijoux comme la chaîne de cheville, le bracelet de bras ou encore le diadème ont été utilisés en Palestine  à l'époque du Christ et la Bible en témoigne. Sur une carte d’aujourd’hui on peut situer la Palestine aux alentours de la ville de Gaza.

Au jour d’aujourd’hui certaines femmes continuent à porter ce type de chaîne mais jamais en public. En occident cette pratique est plutôt réservée à une méthode de punition, comme par exemple pour les prisonniers aux États Unis.

La chaîne de cheville en Egypte

La chaîne de cheville a été utilisée comme un ornement quotidien, un bijou à porter tous les jours par les femmes égyptiennes, de toutes classes sociales confondues, depuis l’époque prédynastique égyptienne jusqu’à nos jours.

La chaîne de cheville a reçu le nom de « Menefret » en Egypte, nom identique à celui des bracelets. Pour différencier ces deux bijoux les égyptiens ajoutaient un préfixe au mot pour indiquer la connexion du bijou aux pieds.

Les chaînes de cheville étaient utilisées plus qu’un bijou, comme un symbole de statut, de rang social et de richesse. Les femmes égyptiennes aisées portaient des chaînes (menefret) ornées de pierres précieuses et de métal onéreux, tandis que la classe populaire les décorait avec des amulettes et des petits « charms » en os ou pierres non précieuses.

Les chaînes de cheville étaient fabriquées en plusieurs types de métal et de différents tailles et formes. Les métaux les plus rares et chers étaient destinés à la classe supérieure, dont l’or et l’argent massif, et la classe populaire portait entre autres des chaînes en fer ou en cuivre.

Chaîne de cheville en argent massif, EgypteCléopâtre
Chaîne de cheville égyptienne en argent massifCléopâtre portant une chaîne de cheville


Durant la quatrième, cinquième et sixième dynastie, les chaînes de cheville changent d’aspect et sont alors fabriquées avec des perles. Les perles sont enfilées en plusieurs bandes pour créer de jolies chaînes à l’aspect si typique.

En Egypte les chaînes de cheville ont été utilisées aussi par les danseurs, et certaines ont été retrouvées dans les tombes de Kagemni, Ti et Akh-Hotp.

Chaîne de pied avec perles ancien Egypte
Chaîne ancienne en or avec perles

Au début du XXème siècle les chaînes de cheville se portaient encore très couramment en Egypte. A cette époque ces bijoux étaient appelés « kholkhal » et beaucoup de femmes en Alexandrie notamment les portaient au quotidien. La chaîne kholkhal était portée souvent en même temps que la robe traditionnelle classique : le Melaya Leff. La Robe était recouverte d’un tissu noir d’une seule pièce.

Kholal ancien EgypteCostume Melaya Leff Egypte
Kholkhal pièce égyptienneCostume traditionnel égyptien Melaya Leff

De nos jours les femmes égyptiennes ne portent plus de chaîne de cheville en public car la religion dans le pays considère que le fait de porter une chaîne à la cheville est irrespectueux et exubérant. Seulement les danseuses continuent à en porter pendant leurs bals.

La chaîne de cheville en Europe

En Europe les chaînes de cheville ont longtemps été l’apanage des femmes qui vivaient dans un climat tempéré. Parmi ces zones on retrouve les villes autour du Danube, dans la région de l’avant pays des Alpes jusqu’au Rhin, et le Rhône. Ces chaînes de cheville ont été portées pendant l’Âge de Bronze et elles étaient faites dans ce même métal.

Chaîne de cheville âge de bronze
Chaîne de cheville ancienne Age de  bronze


Chaîne de cheville ancienne Age de bronze Des découvertes archéologiques importantes notamment celle de la ville d’Aliseda en Espagne, ont permis de récupérer des bijoux, des outils et d’autres objets tous fabriqués en bronze. Ces objets sont imputés à la culture de tumulus qui s’est répandue dans cette région (environ 1600 - 1200 av JC).

Objets bijouterie Aliseda
Objets retrouvés en Aliseda

La chaîne de cheville en Asie du Sud et Inde

En Asie il existe un livre appelé Silappatikaram qui date du premier siècle de la littérature tamoul. Dans ce livre on parle notamment de la chaîne de cheville et le roman raconte une histoire à ce sujet et fait état de descriptions détaillées de ce bijou.

L’héroïne du roman appelé Kannagi est une épouse exemplaire. Kannagi a pardonné à son mari son infidélité avec une courtisane qui lui a volé tout l’argent du couple. Ensuite elle a offert sa chaîne de cheville à son époux pour qu’il puisse la vendre et avoir un peu d’argent. Le mari essaie de vendre la chaîne de cheville à l’orfèvre du Roi, qui ayant lui-même volé la chaîne de cheville de la Reine, lui a fait endosser la responsabilité chapeau de ce vol.

Les femmes Rajasthani (hindoues) utilisaient le type de chaîne de cheville la plus lourde qui a existé, toujours entièrement en argent massif. Cette chaîne de cheville prônait l’appartenance à une tribu. Au-delà d’un simple bijou ou coquetterie, c’était pour ces femmes une manière de démontrer leur courage dans leur propre tribu ou pour rivaliser avec les tribus de leur région.

Grosse chaîne cheville argent massif Inde
Chaîne de cheville tribu indienne

Aujourd’hui en Inde, le port de ce type de chaîne de cheville très lourde se fait de moins en moins dans les grandes villes, mais la tradition se perpétue dans les zones rurales du pays.

Chaîne de cheville indienne
Chaîne de cheville en argent massif Inde

Le mot « jhangheer » designe le mot chaîne de cheville en hindi et en punjabi. Jhangheer signifie littéralement chaîne. Ces chaînes sont très importantes dans les mariages hindous et elles doivent être portées par les femmes mariées. Les femmes veuves ne peuvent plus porter leur chaîne de mariage. Certaines de ces chaînes sont tellement lourdes que les femmes ont du mal à marcher.



Tenue de femme mariée IndeChaine de cheville pierres precieuses
Femme indienne en tenue de femme mariéeChaîne de cheville avec pierres précieuses Inde

Les chaînes de cheville indiennes sont porteuses d’une véritable beauté, on trouve des trésors et elles ont une forte signification culturelle.

La chaîne de cheville en Mésopotamie

Quand on étudie l’histoire de la chaîne de cheville, il est possible de retrouver des traces de ce bijou jusqu’à l’époque des sumériens, autour de l’an 2000 A.J. Même si le bijou le plus ancien jamais retrouvé est le pendentif Venus de Hohle Fels de l’époque préhistorique.

La culture sumérienne est une des plus anciennes civilisations qui ait existé, et les femmes de ce groupe utilisaient des bijoux en argent massif et or pour indiquer et donner un aperçu de la richesse de leur mari.

Bijoux Sumariens
Bijoux sumériens

Les sumériens ont vécu dans la région de la Mésopotamie il y a approximativement 4500 ans. Les tombes retrouvées sous terre appartenant aux sumériens ont permis d’établir que cette culture recourait déjà à l’utilisation de bijoux. Les sumériens ont laissé une grande quantité de bracelets, et parmi ceux-ci, on y retrouve les chaînes de cheville. Les tombes ont aussi révélé que les sumériens portaient des bagues de main et de pied, ainsi que des colliers.

Bijoux ancienne Mésopotamie
Bijoux de l'ancienne Mésopotamie

L’ancienne civilisation de Mésopotamie, située le long des rivières Tigris et Euphrate pratiquaient l’artisanat et créaient de la bijouterie fine en abondance. Hommes et femmes portaient de lourds bijoux pendant toute l’ère de la civilisation de Babylone : le peuple s’ornait le corps de bijoux ethniques comme les chaînes de cheville, les bracelets de bras, les colliers et les chaînes de cou. Des pierres comme le jade, l’agate ou le lapis-lazuli étaient très utilisées pour les décorer.

La chaîne de cheville en Persia

La Route de la Soie a permis à la mode et aux bijoux de cette époque de se répandre dans ces zones commerciales. Les marchands de bijoux, aujourd’hui appelés bijoutiers, achetaient à l’ancien empire perse des bracelets et des chaînes de cheville. La route appartenant aux perses allait du Susa, au Nord de Persia (aujourd’hui l’Iran) jusqu’à la Méditerranée (aujourd’hui la Turquie).

Le site archéologique connu comme le Golden Mound gardait plus de 20000 pièces de bijouterie perse. La plupart de ces bijoux étaient décorés avec des pierres semi-précieuses comme le lapis-lazuli et l’améthyste. Ces magnifiques trouvailles datent les bijoux d’entre la fin du deuxième millénaire jusqu’au septième siècle. Parmi ces pièces on trouve des chaînes de cheville, souvent décorées avec des animaux comme le bouquetin (espèce de chèvre sauvage méditerranéenne) avec de grosses cornes corvées.

Bracelet perse avec mouflons
Bracelet perse avec deux bouquetins

Ces ruines archéologiques perses ont permis de comprendre que les femmes portaient les chaînes de cheville comme un bijou décoratif aux alentours des années 2000 A.J.C. Les chaînes de cheville ornées de bouquetins datent de l’année 700 A.J.C.

Anciens bijoux perses
Bijoux perses anciens

Toutes ces pièces de bijouterie perses ont été découvertes dans les tombes : broches, bracelet, boucles d’oreilles, chaînes, ceintures, pendentifs et bagues. Des artefacts et ustensiles ont parfois été décorés avec des bijoux sertis de pierres provenant de terres lointaines (ambre de la baltique, ivoire d’Afrique, perles de terres arabes, etc.).

La chaîne de cheville à l’époque moderne

Les femmes des temps modernes portent des chaînes de cheville toute l’année, indépendamment de tout statut social, qu’elles soient célibataires ou mariées. Même si dans certaines cultures la chaîne de cheville reste un bijou statutaire, comme en Inde, le bracelet de cheville peut être porté comme n’importe quel autre bijou.

Chaîne de cheville, à gauche ou à droite ?

En Inde et au Népal de nos jours, les chaînes de cheville se portent sur les deux chevilles gauche ou droite. Il semblerait qu’en dehors de ces pays, la chaîne se porte plutôt sur la cheville droite, et nous pensons que c’est tout simplement parce que la plupart des femmes sont droitières.

La plupart du temps la chaîne de cheville est une chaînette simple en or ou en argent, avec des charms de n’importe quelle forme ou symbole (animal, cœur, pierre). A l’époque hippie des années 60 la mode était de porter des bracelets en cuir autour de la cheville, avec ou sans perles et petites pierres, mais toujours sans aucune connotation sexuelle véritable.

En conclusion, il n’y a pas de règle précise sur le port de la chaîne de cheville, elle peut être portée de nos jours du côté gauche ou droit, tous les jours de l’année.